Quels sont les trois ingrédients indispensables à la réussite d’un film ? Jean Gabin (un nom qui devrait encore résonner…) avait l’habitude de répondre : une bonne histoire, une bonne histoire, une bonne histoire. Dès lors, que faut-il donc pour réussir un bon scénario ? Du sens, du sens, du sens. Mais que du bon sens, de l’intrigue, du propos, de la dramaturgie.
Qu’avez-vous à dire, comment allez-vous procéder pour que nous entrions avec délice dans votre histoire ?
Le film de mode, le film de pub de mode, d’une manière générale, suscite le désir. Celui d’acheter. C’est bien. Mais insuffisant. Le Fashion Film, tel que nous l’entendons, exige une réflexion. Il nous embrase.
La Mode s’est toujours entendue, de manière plus ou moins gracieuse, à jouer d’éléments de langage qui ceinturent l’air du temps. Fut l’époque où il fallait faire rêver, puis vint celle où il était indispensable de casser les codes. Depuis l’affaire Galliano, les stylistes n’ayant plus vraiment le vent en poupe, il devint nécessaire de mettre en avant l’excellence des savoir-faire des ateliers. Surgit alors ce constat infâme : la planète est une poubelle. La faute à qui ? La faute à nous qui n’avons rien vu venir. Nous n’avons plus aujourd’hui d’autre choix que d’être responsables, éthiques.
Et tout ira mieux. Vraiment ?

Dans sa postface au magnifique ouvrage que Luz consacre à Marylin Monroe sur le tournage des Misfits (Hollywood Menteur, Futuropolis 2019), Virginie Despentes hurle : « Tous hantés par une colère féroce qui ne peut jamais être dite parce que la dire ce serait devoir renoncer au rêve. Tous mordus au cul par la terreur parce que l’industrie du cinéma ne protège pas les corps et les âmes qu’elle utilise pour fabriquer sa propagande qu’on appelle Septième Art.«
La mode préserve-t-elle celles et ceux qui la dessinent ? Designers, petites mains, financier.e.s, scientifiques, artistes fous, technicien.e.s de surfaces ou de grands fonds, opposant.e.s, bienveillant.e.s, plasticien.e.s, la liste est longue. À vous maintenant de définir les contours de ces personnages qui réinventent sans cesse nos vies grâce aux contenus émotionnels de leurs créations.
Donnez-nous des histoires déchirantes, troublantes, affolantes ! Écrivez, filmez des utopies, des uchronies, des dystopies, des symphonies, qu’elles soient ou non happy. Jouez des dissonances, des contre-sens et des harmonies. Faites-nous rire et pleurer. Faites-nous renaître au petit matin, frais comme des gardons, gais comme des pinsons, votre histoire lovée bien au chaud dans notre ciboulot, les neurones énervés par le désir de ne jamais renoncer au rêve.
Pascal Mourier, auteur, réalisateur, chroniqueur des phénomènes de mode (France 24 linéaire et digital), collaborateur Magazine Dim Dam Dom.

Cet évènement vous intéresse ? Retrouvez plus d’informations sur le Lyon Fashion Film Festival sur le site de l’Université de la Mode.
N’hésitez pas à proposer votre court-métrage et ainsi candidater à l’un des deux prix en lice pour le Lyon Fashion Film Festival : prix du meilleur fashion film étudiant et prix du meilleur fashion film de créateur ou créatrice. La thématique de cette première édition du Lyon Fashion Film Festival est ORIGINE(S), les participant.es sont encouragé.es à faire preuve d’imagination et à interpréter ce thème à leur manière tout en conservant les caractéristiques propres au genre des fashion films, à savoir: une esthétique visuelle soignée et l’utilisation du vêtement, ou plus généralement de la mode, comme vecteur de dramaturgie.