La Chouette Curieuse : le dépôt-vente à la mode de chez nous

Située dans Lyon 7, La Chouette Curieuse est un dépôt-vente proposant de la mode féminine et des accessoires de petit.es designers français.es. Retour sur l’histoire de cette belle boutique avec sa créatrice Léonie Ledy-Lepine. Omblinne

Quand et par qui la boutique a-t-elle été créée ?

J’ai ouvert la boutique le 8 décembre 2017, et il faut savoir qu’avant cela, j’ai travaillé sur le projet pendant un an et demi en tant qu’étudiante entrepreneuse. J’ai donc fait une année d’entrepreneuriat à l’université de Lyon 3, et ensuite, j’ai pu ouvrir ma boutique grâce à toutes les personnes que j’ai rencontrées et les gens qui m’ont aidé à avancer sur le projet.

En quelques phrases, pouvez-vous nous expliquer le concept de votre boutique ?

C’est en fait un concept store où l’on consomme la mode différemment, ceci grâce à nos 3 types d’activités qui sont les suivantes :

• Une partie qui est un dépôt-vente de vêtements, où nous favorisons le recyclage de vêtements.
• Une partie de petit.es créateur.rices ; ici l’idée est de mettre en avant l’artisanat français, le fait-main et des petit.es créateur.rices qui n’ont pas forcément les moyens et l’envergure de se faire connaître.
• Et ensuite, comme nous aimons le lien social, nous avons à l’étage des ateliers créatifs, comme des ateliers de tricot, de couture, de cosmétiques naturels.

Le tout avec une seule et même philosophie : apprendre à consommer de manière responsable. Ceci se fait donc en privilégiant le recyclage de vêtements, de l’artisanat français, et en apprenant à coudre ou à tricoter afin de customiser ou de réparer ses vêtements plutôt que de les jeter.

Qu’est-ce qui vous a amené à ouvrir ce dépôt-vente ?

Dans ma jeunesse, j’ai été ce que l’on appelle « mannequin showroom ». J’ai donc côtoyé le monde de la mode et du luxe, notamment la marque Burberry, et j’ai été frappée de voir que toutes les collections que l’on mettait en tant que mannequin étaient automatiquement détruites à la fin de la Fashion Week. Elles ne sont généralement pas recyclées, c’est pourquoi il y a énormément de gaspillage. J’ai donc commencé à me renseigner sur le monde de la mode de manière plus large, que ce soit le monde du luxe, ou le monde de la fast-fashion.

En fait, je me suis renseignée sur la mode à grande échelle de consommation. C’est là que je me suis rendu compte qu’il y avait beaucoup de travail et de chemin à faire, puisque la mode est considérée comme la 2ème industrie la plus polluante du monde. Pour vous donner un exemple, il faut des milliers de litres d’eau pour faire un jean. De plus, en moyenne, seul 40% du dressing est porté.

Ceci m’a amené à me poser des questions car j’aime la mode, mais j’aime aussi ma planète, je me suis donc donc demandé « Comment me faire plaisir avec la mode tout en faisant attention à ma planète ? » Pour moi, la première chose à mettre en place était de favoriser la 2^nde main ; ce qui n’est pas forcément encore très reconnu en France, contrairement aux pays germaniques ou anglo-saxons. Je voulais vraiment montrer qu’en prenant des vêtements de 2^nde main en parfait état ; lavés, repassés, et bien mis en avant, on ne voit pas de différence avec du neuf, en tout cas pas dans notre boutique.

Et quelles étaient vos motivations pour créer La Chouette Curieuse ?

Je voulais « faire ma part », j’ai grandi en Ardèche dans un milieu nature et j’ai été très influencée par Pierre Rabhi, ainsi que par la légende du colibri qui explique qu’il faut que chacun fasse sa part. On ne peut pas changer le monde en un jour, mais on peut apporter de nombreux changements petit à petit. Moi j’estime que je fais ma part en apportant aux personnes une nouvelle manière de consommer et en essayant de changer les mentalités.

Pourquoi avoir choisi le nom « La Chouette Curieuse » ?

La chouette est un animal avec des grands yeux qui regarde à 360°, qui est à l’affût et qui déniche ! Quand on vient dans ce magasin, qui est un univers à part entière, on ne vient pas avec quelque chose en tête, on fouine et l’on va dénicher ce qui nous fait envie. Il faut vraiment être curieux et c’est comme ça que le nom est arrivé !

Parlez-nous un peu de ces événements que vous organisez.

Nous proposons des ateliers créatifs à la boutique, beaucoup d’ateliers de cosmétiques naturels comme la fabrication de déodorant et shampoing solide, de rouge à lèvres etc… Tout cela dans la démarche d’apprendre à consommer de manière moins agressive et moins polluante.

On fait aussi des conférences avec des personnes venant de milieux artistiques. En plus de cela, nous avons aussi des conseillères en image qui viennent ici, pour vous conseiller en fonction de ce que vous voulez porter, en fonction de votre typologie de corps, de peau ou de cheveux.

Enfin, nous organisons aussi des événements en extérieur. Par exemple, nous avons collaboré avec Le Petit Paumé, ou encore avec Le Bonbon Lyon, pour organiser des vides dressing et d’autres événements afin de faire connaître davantage la boutique.

Qui sont vos partenaires ?

Pour les ateliers nous avons de super partenaires qui sont des professionnel.les. Nous travaillons avec des couturières professionnelles, et pour ce qui est des cosmétiques naturels, nous faisons appel à des ingénieurs. À chaque fois, nous partons du principe qu’il y a des gens qui ont un cœur de métier, qui sont très compétents dans leur domaine, et nous préférons faire des partenariats avec eux, car ils en sauront toujours plus que nous sur le sujet.

Sinon, depuis 2017, nous avons collaboré avec une quarantaine de créateur.rices, qui sont à 80% Lyonnais.es. Nous changeons régulièrement, mais nous avons des créateur.rices « coup de cœur » que les client.es adorent, comme Hermanitas par exemple. L’idée est de pouvoir donner sa chance à chacun.e ; c’est une des raisons pour lesquelles nous modifions régulièrement nos partenariats.

Comment faire si l’on veut déposer nos vêtements chez vous ?

Pour des questions purement logistiques, il faut prendre rendez-vous, parce que nous, tous les soirs, nous mettons tout en place. Nous avons quatre ou cinq rendez-vous par jour, ce qui fait beaucoup de nouveautés, et nous prenons jusqu’à vingt-cinq pièces par client.es. Donc potentiellement, nous avons plus d’une centaine de pièces qui peut rentrer chaque jour. Je m’occupe de la partie des dépôts, et je choisi les pièces en fonction de ce qui, je pense, va pouvoir plaire à mes client.es dont je connais très bien les goûts.

Le montant des pièces est toujours fixé d’un commun accord et les vêtements sont mis en boutique pendant deux mois à partir du lendemain de la date dépôt. À la fin des deux mois, les clientes récupèrent le montant des ventes, sous forme de bons d’achats ou sous forme monétaire. D’ailleurs, environ 30% des client.es choisissent la première option, ce qui permet vraiment de faire du troc.

Concernant les invendus, il y a deux solutions : soit ils sont récupéré par la cliente, soit on les donne au Secours Populaire et Emmaüs, avec qui nous sommes en collaboration, et qui viennent directement les chercher, ainsi nous restons toujours dans cette même démarche de ne rien jeter.

Dans quelle tranche de prix vos articles s’inscrivent-ils ?

En termes de dépôt-vente, nous partons du principe que, lorsque vous venez chez nous, vous êtes déjà à -50% du prix d’achat, mais cela varie en fonction de la somme que vous voulez récupérer et du montant auquel nous estimons pouvoir vendre votre vêtement.

En effet, dans les dépôts-vente, les personnes sont vraiment à la recherche de la bonne affaire, et nous, on est sur une gamme intermédiaire-haute. C’est-à-dire que l’on vend du Comptoir des Cotonniers, du Kookaï, ou encore du Sinéquanone. Chez nous, on retrouve des pièces de ces marques-là pour environ 50€ alors qu’elles sont vendues neuves entre 150€ et 200€.

Donc l’idée, c’est que vous trouviez de bonnes affaires avec des marques que vous n’auriez pas forcément imaginé pouvoir avoir dans votre placard. Bien sûr, nous avons aussi du ZARA, du PROMOD, et du H&M pour certaines pièces.

Combien de pièces les client.es achètent-ils/elles en moyenne ?

C’est vraiment aléatoire, il y a des client.es qui viennent refaire leur garde-robe en une saison et qui peuvent acheter une quinzaine pièces, et il y en a qui viennent toutes les semaines et qui achètent ou non en fonction de ce qu’elles trouvent. Nous, nous sommes là pour vous conseiller et vous aider à trouver les pièces qui vous plaisent vraiment. On aiguille aussi les client.es sur les petits créateur.rices afin qu’ils/elles puissent trouver des cadeaux pour Noël, pour des collègues ou pour leur famille.

Comment décririez-vous la clientèle de La Chouette Curieuse ?

J’ai tout type de client.es qui viennent dans ma boutique, que ce soit des étudiant.es de 20 ans, des jeunes mamans de 30 ans, ou des femmes actives de 50-60 ans. Mais je pense que notre cliente type est surtout une femme qui cherche à se faire plaisir, tout en faisant attention à sa consommation. Une femme qui cherche à consommer différemment, respectueusement de la planète et qui veut garder la notion de plaisir lors de ses achats.

Comment voyez-vous l’avenir de La Chouette Curieuse ?

Aujourd’hui, cela fait deux ans que nous sommes en activité. Nous sommes deux à vivre de La Chouette Curieuse et nous recrutons régulièrement des stagiaires. Nous sommes également à la recherche d’un local plus grand, toujours dans le septième arrondissement, car nous avons énormément de demandes de dépôts.

L’idée est quand même que, d’ici quelques années, nous nous soyons agrandis et que nous puissions proposer des CDI à plusieurs employé.es. Après, pourquoi ne pas ouvrir plus tard, d’autres boutiques La Chouette Curieuse dans différentes villes, et présenter des petits créateur.rices venant de chaque région. Il faut toujours rêver grand !

Crédit photo : Aude LEMAITRE

Extérieur

La Chouette Curieuse

123 Rue Sébastien Gryphe, 69007 Lyon

https://www.lachouettecurieuse.fr